Ces biais cognitifs qu’on rencontre dans un projet (édition Startup Week-end)
Le week-end dernier j’ai participé à mon 1er Startup Week-end à Nantes et j’ai été confrontée à plusieurs biais cognitifs, c’est donc l’occasion d’en parler ici.
Tout d’abord, c’est quoi un biais cognitif ?
Un biais cognitif est un bug (une déviation) dans le traitement cognitif (traitement des connaissances) d’une information. C’est à dire que le cerveau va mettre en place une pensée qui dévie toute logique ou rationalité par rapport à la réalité. (Définition somme toute sommaire, mais ça pose les bases.) En gros, on va faire des erreurs dans nos raisonnements et dans notre jugement.
Est-ce que tout le monde en a ?
Tout le monde a des biais cognitifs. Genre tout le monde de tous les pays. 🙂
Pourquoi le cerveau fait ça ?
A la base, la préhistoire, certains de ces biais servaient à nous protéger. Nous pouvions prendre une décision rapide avec une meilleure capacité d’analyse et de réaction. Pour économiser du temps (celui qui aurait pu nous coûter la vie) on a développé des raccourcis mentaux.
Le cerveau est extrêmement sollicité au quotidien et pour gagner du temps il va avoir tendance à prendre des raccourcis et ne fait pas toujours la différence entre ce qu’il pense savoir et ce qu’il pense réellement. Par exemple le préjugé est un jugement basé sur des informations ou expériences insuffisantes et nous permet de prendre des décisions plus rapides (instinct), pas forcément justes.
Est-ce qu’on peut s’en débarrasser ?
On peut apprendre à les reconnaître. Tous les biais ne sont pas à jeter à la poubelle. Ces biais font partie de nous et malgré eux nous arrivons à vivre au quotidien sans être des catastrophes ambulantes. Les biais nous aident au quotidien pour prendre des décisions simples, c’est quand on sera dans des situations complexes qu’ils peuvent venir nous induire en erreur ou nous pousser à faire des choix que nous n’aurions pas fait avec plus de recul, de connaissance ou de temps.
Les classification des biais cognitifs
Les biais se reconnaissent dans ces principales classes :
- Biais sensori-moteurs : liés aux sens et à la motricité.
- Biais attentionnels ou biais d’attention : On parle de ce biais selon la manière que le cerveau a d’analyser les informations selon nos préoccupations ou centres d’intérêt.
- Biais de jugement : Il va déformer notre façon de juger et d’estimer la valeur d’autrui.
- Biais liés à la personnalité : culture, langue, l’influence sociale…
- Biais de raisonnement (paradoxes) : Notre façon de vouloir avoir raison nous pousse à préférer des éléments qui confirment nos hypothèses plutôt que d’approfondir notre raisonnement pour être certain de la véracité de notre proposition.
- Biais mnésique (mémoire) : Se traduit par la manière dont les souvenirs sont altérés ou rappelés en fonction d’un état affectif.
Comment on fait alors ?
On peut apprendre à connaître les principaux biais afin de pouvoir garder notre libre arbitre dans certains cas. Le marketing comportemental va surfer sur ces biais afin de vous vendre tout ce qu’il veut tout en ayant l’impression que vous avez fait ce choix avec toute votre tête.
Le biais d’ancrage par exemple joue sur les processus de décision : Il est souvent utilisé sur les prix. C’est la tendance à privilégier la première information reçue (« l’ancre ») lors d’une prise de décision malgré la présence d’informations suivantes. Par exemple, dans le cas d’une négociation de salaire, vous retiendrez la 1ère offre annoncée comme base de négociation. Dans le cas d’une vente, vous retiendrez aussi le 1er prix annoncé par le vendeur et quoiqu’il arrive derrière, vous serez forcément persuadé d’avoir fait une bonne affaire.
Et alors ces biais du Startup Week-end ?
C’est quoi un Startup Week-end déjà ? C’est 54h pour monter un projet et vivre en accéléré les différents jalons de la création d’une startup. Voilà les quelques biais rencontrés (il y en a eus d’autres c’est certain !) :
L’effet de halo consiste à aller dans le sens de notre première impression qu’on a pu se faire d’une personne. Ne dit-on pas que la première impression est toujours la bonne ? On a tendance à donner trop de crédit à une caractéristique qu’on juge positive (l’apparence physique, par exemple) et à en déduire que les autres caractéristiques de la personne sont également positives (même sans les connaître). Bref, tu vois des gens qui ont une bonne tête, tu abordes très vite les points communs et hop elle te parait sympa, ça peut jouer dans la composition d’une équipe, ou aussi dans le fait d’aller vers les gens qu’on connait plutôt que les autres.
L’effet de faux consensus est la tendance à surestimer le nombre de personnes qui partagent nos opinions, nos goûts, nos préférences ou qui agissent comme nous. Nous avons tendance à nous entourer de gens avec qui nous partageons des points communs ce qui nous fait penser que ceux-ci vont pouvoir être partagés avec le plus grand nombre. Ce biais, nous l’avons rencontré lorsque nous avons commencer à réfléchir sur notre idée de projet. Nous étions partis du postulat que l’écologie et la biodiversité était au coeur de la préoccupation des habitants (l’idée de l’importance de l’écologie nous avait réuni en équipe), force est de constater qu’après 1h d’interviews ça n’était pas le cas, ce qui nous a encouragé à pivoter n’ayant pas le temps en 48h de Startup week-end d’approfondir.
Le biais de confirmation est notre tendance à sélectionner uniquement les informations qui confirment des croyances ou des idées préexistantes que nous avons. Il rejoint ce que j’ai noté dans le biais de faux consensus. Dans la recherche, il est important de ne pas se raccrocher à ce qu’on pense en cherchant sa confirmation, mais au contraire aller vers l’ouverture de la pensée et accepter d’aller à l’encontre de nos croyances et informations.
Le biais de la tache aveugle à l’égard des préjugés, c’est biais sur les biais, en gros nous savons que tout le monde est influencé par les biais cognitifs, toutefois, le sachant nous estimons l’être moins que les autres. Dans un projet qui consiste à aller très vite, on sait tous qu’on doit faire attention aux biais cognitifs, toutefois nous avons tous été en proie à nos propres biais.
La surabondance des choix (paradoxe du choix) est un biais qui se manifeste lors de la prise d’une décision trop complexe en raison des nombreux résultats et risques potentiels qui peuvent résulter de faire le mauvais choix. Il faut peser toutes les options, ce qui provoque une surcharge pour le cerveau. Dans le cadre du Startup Week-end ce biais s’est manifesté au début lors du vote des projets à retenir (36 au départ 12 à la fin), lors du choix des idées à rejoindre (12 idées, une seule à rejoindre), puis à la fin lors du vote des projets pitchés, lequel choisir face au grand nombre ? Que va changer notre vote ?
Le biais des coûts irrécupérables, qu’on rencontre très souvent dans les entreprises et les projets en tant que designers, est un biais qui consiste à avoir tendance à s’entêter sur un projet, dont les coûts dépassent les bénéfices (coût financier, efforts, temps…). Les investissements deviennent alors irrécupérables. Cette manière de penser nous fait prendre des décisions à l’encontre de nos intérêts comme par exemple continuer un projet mal embarqué ou trop coûteux. Nous l’avons vu lorsque nous avions persisté dans une idée, puis l’équipe à bout de souffle et de vision à pu prendre le recul pour pivoter. Ca demande de se remettre en question et accepter d’abandonner tous les efforts fournis, les heures « perdues » à ne pas avoir exploité la bonne option.
Le biais de la tireuse à bière : Celui là par du principe que plus tu auras accès à la tireuse à bière, moins tu auras envie de te concentrer sur le travail. 😅 Non il n’existe pas !